Le sang africain

Du 21 au 28 mars, c'est la semaine d'éducation et de lutte contre le racisme et l'antisémitique. J'ai un gros problème avec madame Paula Bisbuth, infirmière dans un collège. Je lui ai dit ce que je pensais de ses propos, devant la CPE du dit collège... Je sais qu'au moins un enseignant du dit collège s'est alarmé des mêmes propos, au point d'alerter la direction.




Je regrette d'avoir accusé madame Bismuth de racisme, avant tout parce que ça n'a rien changé du tout à son comportement. Je viens de suivre avec intérêt le MOOC de l'université de Franche-Comté "Lutte contre les discriminations - être acteurs de la Diversité". J'ai retenu que la meilleure manière d'éviter les conflits était d'amener les gens différents à coopérer.

Je propose donc une fiche sur le sang africain. Je laisse les pédagogues de l'éducation nationale adapter ce matériel pour formater toutes les infirmières de tous les établissements de France. Je ne suis "que" parent d'élève...

1- Le sang africain : son apparition en janvier 2015

Suite aux attentats de Charlie Hebdo, l'Afrique, dans les collèges, c'était Al Qaïda et pas vraiment Mandela... Il y a eu une minute de silence puis des débats passionnés, en général pas contrôlés, avec toute la poésie d'ados dans une cour de collège sur le thème "L'Afrique me fait peur, je n'irai jamais" contre "Vive l'équipe de foot du Sénégal".

La première intervention de Madame Bismuth date de cette époque. Elle aurait dit à un élève "Tu n'as pas le droit de dire ça, tu as du sang africain !"

Elle classe donc les élèves en deux groupes selon s'ils ont ou non du sang africain. Certains auraient le droit d'exprimer leurs peurs, leurs phobies suite aux attentats en critiquant l'Afrique, terreau de l'islamisme, d'autres non ?


2 - Laissons Lucy faire !

Il y a quelques temps, Arte a diffusé un excellent reportage sur la diversité génétique. On se ressemble tous, c'est-à-dire que si l'on prend deux individus n'importe où dans le monde, il y a peu de différences dans leurs gènes. Les chercheurs interrogés ont émis l'hypothèse que les néandertaliens qui ont commencé à migré étaient peu nombreux, et avaient sans doute des caractéristiques similaires.

3 - Statistiques ethniques sur globules rouges

En un an, les parents d'élèves ont entendu de plus en plus de rapports du style "l'infirmière m'a dit que j'avais du sang africain". Il y a eu des dérives plus graves sur le thème "C'est leur culture". Agacée, j'avais rédigé ce billet de blog.

J'ai rencontré Madame Bismuth à l'insu de mon plein gré le 5 février dernier. J'ai évoqué cette histoire de sang africain sous l'angle de la SVT, et de la pédagogie, en lui expliquant qu'elle n'avait pas à faire de statistiques ethniques sur les globules rouges de ses élèves en se demandant s'ils venaient d'Afrique ou non.

Elle m'a répondu "Oui, mais c'est vrai, il a du sang africain... Je sais que son père..."

Le début de sa réponse pouvait être interprété comme "C'est une expression (sous entendu maladroite)." Là, j'ai explosé... Comment se permet-elle de juger le sang de ses élèves en fonction de la nationalité des parents ?

4 - Rhésus et groupes sanguins

J'étais très en colère... Je lui ai parlé de groupes sanguins mais sans être très pédagogue, je l'avoue. Najat, si tu m'entends, organise un module de formatage pour infirmières (comme celui pour collège 2016, les enseignants avaient l'air d'adorer).

Imaginons donc une personne, blessée lors des attentats de novembre 2015. Les secours se fichent éperdument de sa couleur de peau ou de la nationalité de son père. Ce qui compte, c'est d'abord son Rhésus.


Si elle est "Rh+", elle va pouvoir recevoir du sang de donneurs Rh+ ou Rh-.
Si elle est "Rh-", elle ne pourra recevoir que du sang de donneurs "Rh-". Pour résumer, le "-" rentre dans le "+" et pas l'inverse.


Quitte à diviser de manière binaire les élèves, Madame Bismuth peut remplacer le sang africain par "Rh+" ou "Rh-".


Mais si l'on reprend notre personne blessée lors des attentats, ce qui compte, c'est son groupe sanguin. Si elle est AB+, elle pourra recevoir du sang de toute personne (receveur universel). Si elle est "O-", elle ne pourra recevoir du sang que de personnes de même groupe et même rhésus.

Si elle veut classer les élèves de manière plus complexe, au lieu de regarder la nationalité des parents, Madame Bismuth ferait mieux de demander le groupe sanguin...

5 - Répartition des groupes

Si on veut aller plus loin, Wikipédia nous apprend que 46% des français sont de groupe O, alors que 86% des inuits le sont.  Mais ce n'est pas une raison pour traiter de manchot un collégien du groupe O.

Commentaires

Lily a dit…
Je suis du groupe 0 !! C'est pour ça que je vis au Canada alors tu crois ? ;)
Blague à part, oui communiquer autrement, elle n'a clairement pas entendu ton point de vue.
Elisabeth a dit…
Trouver un médiateur ? J'avoue mon pessimisme face aux racistes de tout poil, qu'ils aient volontairement envie de faire du mal aux "étrangers" en les mettant dans une case, ou que ce soit simplement un problème de maladresse, un manque de culture, d'ouverture sur le monde.

Elle n'a pas l'air de vouloir remettre en cause ses "croyances". Depuis le 5 février, je n'ai même pas eu un soupçon de début de regret du style "J'ai été maladroite, je me suis mal exprimée...".
Emmanuelle a dit…
Hummm... moi, il paraît que j'ai du sang sarrasin... tu crois que je peux avoir une transfusion de quoi ?
(purée !! c'est tout de même sidérant, ce manque d'attention à l'Humain qu'on constate de plus en plus dans le système éducatif... l'envie nous prendrait bien de reprendre un peu le mal à la racine, au lieu de remettre les enfants aux racines du mâle :-/ )